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Je ne supporte plus les gens...

"Je hais les gens." "Je me sens complètement exclu." "Je n'arrive pas à prendre plaisir avec les autres." "Je ne supporte plus personne." "Plutôt être seul que mal accompagné !"

Peut-être ces phrases résonnent-elles pour vous ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas forcément devenu misanthrope. Mais il peut arriver à chacun de traverser des moments où le monde extérieur et les gens qui le composent semblent devenir insupportables. Les moments sociaux deviennent alors trop lourds à affronter !

Je ne supporte plus les gens !

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce sentiment de ras-le-bol qui vous habite en ce moment. Certaines choses peuvent vous appartenir, d'autres faire partie de la réalité de votre quotidien. Il est possible que vous viviez au milieu d'un entourage particulièrement peu respectueux, que vous soyez bousculé au travail, que les marques d'incivilité se multiplient autour de vous, qu'on vous mette sous pression ou encore que vos proches vous délaissent. 

 

Mais il peut aussi s'agir de votre difficulté à vous à trouver votre place, et la question de vos attentes et de vos limites peut jouer sur votre capacité à supporter les interactions. Nous allons donc étudier de plus près les différentes possibilités qui existent lorsqu'on ne supporte plus personne.

Je ne supporte rien ni personne

Peut-être ne vous sentez-vous pas seulement en tension avec les gens, mais aussi avec tout ce qui vous entoure. Cela peut correspondre à une sensation d'énervement, de tension interne, de saturation. Quand tout semble oppressant et que rien n'est supportable, il peut y avoir comme des bouffées d'agressivité qui montent, de l'énervement voire même une colère qui contamine tout. La colère d'ailleurs peut apparaître plus vite, et vous vous sentez peut-être beaucoup plus sensible et irritable que vous ne l'avez été.

 

La colère, comme je l'ai déjà expliqué dans un précédent article, c'est l'émotion chien de garde. Elle vient poser vos limites et définir qu'à tel endroit précis se trouve le point à ne pas dépasser. Elle est donc protectrice d'une certaine manière. Mais elle peut aussi devenir excessive et vous ronger de l'intérieur, lorsqu'elle contamine toutes les sphères de votre vie et que vous ne pouvez plus supporter quoi que ce soit.

 

Cette irritabilité profonde peut être le symptôme d'un mal-être installé, qui dure depuis longtemps. Lorsqu'on se sent saturé à ce point, c'est probablement que la capacité de résistance est utilisée trop fort depuis trop longtemps. Les ressources de patience, de calme, et de tolérance, sont alors épuisées pour laisser place à l'émotion chien de garde. La colère donc.

 

Ce mal-être, il peut s'appeler dépression.

La représentation la plus répandue de la dépression est qu'elle suscite de la tristesse, de l'apathie, et une difficulté à être en contact avec l'autre. L'irritabilité, l'énervement rapide et la colère sont plus rarement évoqués alors qu'ils peuvent être des indicateurs importants de toutes les défenses dépassées d'un individu qui ne parvient plus à se protéger. Soyez attentif donc à la réalité des sources de votre énervement. Vous énervez-vous pour des choses extrêmement pénibles, ou n'importe quel détail et réaction vont-elles vous être insupportables ? Réfléchissez à vos moments d'énervement à tête reposée, plusieurs heures après.
Soyez attentif également à votre possibilité à vous calmer rapidement, à prendre de la distance, et à utiliser les moments agréables  pour dépasser ces moments pénibles. 

 

N'hésitez pas en discuter avec des gens que vous aimez ou dont vous respectez l'opinion. Peut-être pourront-ils constituer de bons repères pour évaluer si votre comportement a changé, si votre patience est amenuisée, et s'ils ont l'impression que vous allez mal en ce moment. 

Mais avant tout, écoutez-vous : votre ressenti interne est le meilleur indicateur d'une dépression potentielle. N'oubliez pas non plus de favoriser les temps et les activités qui vous permettront de décharger la tension que vous accumulez. Faites-vous du bien.

Je me sens trop différent

La difficulté à supporter les autres peut aussi venir de votre sentiment d'être différent, voire trop différent. Vous avez alors l'impression de ne plus pouvoir vous adapter à des codes et des normes qui ne sont pas les vôtres. Les patients qui me parlent de cette sensation évoquent souvent leur impression d'être en décalage.

 

Cette impression de décalage d'avec les autres, peut venir par exemple d'une sensibilité différente à des choses qui semblent ne préoccuper personne. Vous allez être ému ou touché ou attentif à des personnes ou des événements qui semblent anodins pour la majorité des gens autour de vous. Il est possible que vos préoccupations divergent d'avec votre entourage, que vous puissiez vous sentir puéril ou au contraire trop mature par rapport aux échanges que vous pourriez avoir dans votre quotidien.

Cette sensation de décalage se retrouve aussi, au-delà de la sensibilité, dans la question de l'intelligence. Difficile parfois de s'avouer qu'on a l'impression qu'autour de soi, "ça ne vole pas très haut"...

 

Votre mode de vie peut aussi être très différent et il vous est alors difficile de trouver des centres d'intérêt communs ou des préoccupations communes avec des personnes avec lesquelles vous avez l'impression de ne pas partager quoi que ce soit. Car si la différence est porteuse de richesse, un peu de similitude permet aussi de construire les interactions en apportant des sphères de confort dans lesquels vous pouvez vous rejoindre.

 

Chacun d'entre nous, dans son quotidien et dans sa vie, doit faire jouer sa capacité d'adaptation. Mais lorsque cette capacité d'adaptation est mobilisée en permanence, et que pour être accepté dans les différents groupes qui vous entourent il vous faut faire semblant d'être quelqu'un d'autre ou jouer une partition qui n'est pas la vôtre, vous pouvez vous sentir dépassé.

 

Certains patients évoquent cela au travail par exemple, où ils ne parviennent pas à avoir des échanges intéressants et constructifs avec leur équipe. Ils peuvent aussi avoir l'impression de ne pas partager de centre d'intérêt commun ou de travailler beaucoup plus vite ou trop lentement par rapport aux autres. La différence de rythme, mais aussi le regard que vous portez sur les objectifs et la réussite, peuvent accentuer cette sensation de décalage. Pas facile alors de se motiver pour aller travailler quand vos capacités d'adaptation vont être sollicitées à l'excès. Les rapports avec votre hiérarchie et les différences de perspective peuvent venir s'ajouter à cela.

Ai-je fait les mauvais choix ?

Il est tout à fait possible au vu de votre colère par exemple, mais aussi de votre impression d'être en décalage, que vous vous remettiez en question. Peut-être est-ce vous qui n'êtes pas adapté ? Avez-vous fait les mauvais choix ? Pourquoi cet inconfort permanent, pourquoi cette difficulté à prendre votre place ?

 

Cette capacité à vous remettre en cause et à prendre du recul sur la façon dont vous fonctionnez est très importante. Mais elle ne signifie pas qu'il faille porter un jugement de valeur sur la façon dont vous vous comportez dans votre vie. Comme je le répète souvent à mes patients, l'indicateur le plus pointu pour savoir si vous dysfonctionnez ou non est la question de votre confort. Même si vous vous sentez complètement atypique et décalé, à partir du moment où vous avez l'impression de vivre et de faire et de choisir ce qui est le mieux pour vous, vous êtes au bon endroit.

 

Mais en effet, la question de votre choix est primordial. Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, il n'y a que des choix. Je veux dire par cela que vous ne pouvez en aucun cas mesurer tous les paramètres qu'impliqueront chaque choix de votre part, et en maîtriser tous les aspects et les implications. Par contre, lorsque vous identifiez que vous répétez certains choix qui vous font du mal, il est important de le questionner.

 

Avez-vous un entourage qui vous convient ? Si les gens autour de vous vous semblent trop égocentriques, ne vous écoutent pas, n'ont pas d'intérêt pour vos préoccupations, existe-t-il quelque part des personnes avec lesquelles il serait plus facile de partager ? Rassurez-vous, il y a forcément des gens avec qui vous avez des points communs dans votre façon d'être et de penser.

 

Je crois qu'il est possible de considérer votre inconfort extrême dans vos relations aux autres comme un signal d'alarme salvateur. Vous êtes entré en zone rouge et il s'agit maintenant pour vous de réagir. Vous pouvez le faire seul ou en vous faisant accompagner bien sûr, mais en tout cas c'est un indicateur très positif que vous vous envoyez à vous-même pour reconsidérer les choix que vous faites et qui vous sont peut-être trop inconfortables. Cela peut englober votre entourage, donc vos amis, mais aussi les choix professionnels que vous faites, le choix de votre quartier, le choix de la culture dans laquelle vous baignez. Là où vous avez l'impression peut-être d'être coincé, tout est en fait malléable de manière à ce que vous retrouviez du confort et du bien-être. Pas trop de fatalisme donc, des pistes existent, des solutions aussi, et vous pouvez vous engager sur cette voie.

 Vous pouvez consulter la page Dépression de mon site, qui présente les ressentis fréquents lors de la dépression, évoquée au début de cet article. La colère et l'énervement masquent parfois une tristesse qu'on redoute trop envahissante si on lui laisse une place.


Vous arrivez manifestement à un tournant de vie,
où il va falloir ré-aménager vos contacts avec le monde extérieur pour ne plus être mis à mal de cette façon.
Les personnes qui vous conviennent existent, rassurez-vous. Peut-être en connaissez-vous déjà, même très peu.
N'hésitez pas à prendre du recul avec vos proches ou à demander de l’aide, à un professionnel ;

 

Je reste disponible via la page Contact de mon site pour toute question,
et si vous avez besoin d’être accompagné dans les réaménagements de vos relations.

 


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