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J'ai envie de mourir

Cette phrase là, je l'entends souvent dans un filet de voix. C'est une pensée difficile à admettre, difficile à formuler, difficile à partager surtout. Car elle s'accompagne de la croyance que l'autre ne peut peut-être pas entendre ce que vous dites à haute voix. Vous pensez probablement que cela va être trop ''lourd''. Peut-être vous-même avez-vous un peu peur de mettre des mots sur cette idée qui vous trotte dans la tête. C'est ce qu'on appelle une idée suicidaire.

J'ai envie de mourir

Dans quelle situation arrive-t-on à penser cela ? Est-ce temporaire, ou le fait de penser au suicide signifie-t-il qu'il n'y a plus d'options ? Comment se sortir d'un moment où tout est noir ? Est-ce vraiment une pensée à partager, ou est-il préférable que vous la gardiez pour vous , que vous mettiez un couvercle dessus ?

Quand on pense au suicide, doit-on consulter un professionnel ? Est-ce que cela veut dire qu'on est dans un état grave ou cette pensée a-t-elle déjà traversé l'esprit de toute personne affrontant des moments difficiles ?

 

Essayons ensemble de nous pencher sur cette douleur qui vous a conduit à penser à la mort.

Quand toutes les portes sont fermées

Il est difficile d'écrire sur le suicide. Il est difficile d'écrire autour de cet enjeu car la psychologue que je suis sait à quel point il est important de poser les mots justes sur une sensation terrible à vivre.

Je voudrais donc d'abord vous dire que depuis le début de ma carrière, j'ai eu à entendre ces mots à de très nombreuses reprises. Et je vais essayer aujourd'hui de vous partager les constats que j'ai pu faire avec les patients qui évoquaient avec moi leur envie de mort.

La première chose, c'est que dans un moment où vous pensez à la mort, toutes les portes sont fermées. Il n'y a plus d'issue, vous ne voyez plus de solutions, peut-être vous sentez-vous dans une solitude immense, ou alors peut-être ne souhaitez vous pas alarmer votre entourage, affoler vos enfants, risquer d'inquiéter énormément les gens que vous aimez. Et pour autant c'est la réalité de votre moment, les choses vous sembleraient bien plus sereines, bien plus apaisées et plus tranquilles si vous saviez que vous aviez une porte de sortie. Et cette porte de sortie parfois, cela vous semble être la mort.

 

Je voudrais vous dire que cette sensation que toutes les portes sont fermées , c'est ce que l'on appelle une cognition erronée. Cela veut dire que c'est une fausse croyance. Dans votre raisonnement aujourd'hui vous avez l'impression qu'il n'y a aucune option et aucune solution à la situation que vous rencontrez. Peut-être ressentez-vous un tel vide d'énergie, de motivation, de possibilités pour votre futur, que la dernière option est la plus définitive. Et pourtant je vous le dis, il s'agit d'une fausse croyance car vous n'êtes plus en capacité d'imaginer de nouveaux chemins et des options alternatives. Et cela vient probablement aussi du fait que vous ne pouvez pas partager avec quelqu'un d'autre la situation de difficulté extrême dans laquelle vous vous trouvez.

 

Je veux donc souligner avec vous deux points essentiels :

 

1. Vous voyez tout en noir mais cela n'a probablement pas toujours été le cas

 

2. Vous pouvez à nouveau adopter un regard plus distancié et plus apaisé sur votre situation, mais cela va supposer que vous demandiez de l'aide et que vous puissiez patienter encore un peu.

Lorsqu'on voit tout en noir

Lorsqu'on voit tout en noir, il n'y a en effet plus aucune option. Si vous regardez en arrière sur votre parcours de vie, si vous essayez de tracer ce que j'appellerais une ''ligne de vie'' entre votre naissance et le jour d'aujourd'hui, vous pouvez constater qu'il y a eu une succession d'événements de vie qui ont été pour certains positifs et pour d'autres négatifs. 

 

Le fait de voir tout en noir n'est pas systématiquement relié à votre contexte actuel. Il peut par exemple s'agir d'une dépression où, du fait de cette souffrance dépressive, vous n'êtes plus en capacité de voir les choses qui vont bien dans votre vie et de mobiliser suffisamment d'énergie pour résoudre les problèmes que vous rencontrez et pour aller de l'avant. 

Ce n'est pas un jugement de dire que vous n'avez plus la capacité de vous mobiliser. C'est le constat que lorsqu'on souffre de dépression, le psychisme n'est pas mobilisable de la même façon et les ressources ne sont plus accessibles. Il est possible par exemple que vous ne vous sentiez pas entouré, et que les interactions sociales en général vous soient pénibles. Mais des ressources existent pourtant et vous les avez en vous, et autour de vous.

 

L'autre possibilité est que vous ne souffriez pas de dépression mais que vous soyez effectivement un moment de votre vie où toutes les choses difficiles s'accumulent en même temps, et peut-être cette accumulation d'événements de vie et de douleur dure-t-elle depuis un moment. 

Cela peut créer une forme d'épuisement psychique. Dans les premiers temps vous preniez les choses une par une de manière à les solutionner et vous affrontiez les difficultés. Mais au-delà d'un certain seuil de mobilisation, il est absolument normal que vous vous trouviez épuisé psychiquement et en incapacité à vous mobiliser de nouveau pour affronter encore des situations pénibles ou douloureuses.

Partager l'impossible à dire ?

Si vous êtes dans un moment où vous pensez à mourir, s'il vous arrive de traverser des pics d'intensité où votre désir de mort prend toute la place, je vous propose deux étapes essentielles pour réussir à dépasser cela.

 

1. Ne rien décider maintenant. 

Lorsque l'envie de mourir envahit votre esprit, vous n'êtes pas dans les meilleures dispositions pour prendre une décision. Je vous propose donc de différer cette envie , de la remettre à plus tard.

 

2. Partager ce que vous vivez maintenant avec quelqu'un d'autre.

Il peut s'agir d'un proche: un ami, d'un conjoint, d'un parent, d'une connaissance, mais aussi un professionnel.

Vous pouvez avoir accès à de l'aide gratuitement dans les centres médico-psychologiques de la ville la plus proche de votre lieu d'habitation. Vous pouvez aussi contacter un psychologue ou un psychiatre de manière à partager ce que vous êtes en train de ressentir. Cela vous permettra de bénéficier de conseils et d'une écoute professionnelle face à la situation que vous vivez.

Vous pouvez également partager cela avec un anonyme si cela rend les choses plus facile pour vous. Vous trouverez en ligne les coordonnées de SOS Amitié par exemple, qui est l'une des possibilités d'appel d'un inconnu formé à l'écoute lorsqu'il vous faut parler à quelqu'un de ce que vous traversez. Tout ce que vous direz sera strictement confidentiel. 

 

Je vous ai déjà expliqué plus haut que votre raisonnement entrait dans une impasse en ce moment, et c'est tout l'enjeu de pouvoir partager votre douleur avec quelqu'un d'autre. Vous allez pouvoir bénéficier d'un regard distancié sur ce que vous vivez, d'une empathie, vous allez vous rendre compte que vous n'êtes absolument pas seul à traverser ce genre de moment et qu'il y a des possibilités pour s'en sortir.

 

Si vous lisez cet article aujourd'hui, c'est que ce besoin de partage existe en vous. Je vous rassure donc sur le fait qu'il est arrivé à une très grande majorité de la population d'avoir un jour envie de mourir. Vous n’êtes pas fou, vous ne perdez pas pied.
Tout le monde à un moment de sa vie peut se retrouver dans l'impression d'une impasse totale. Cela ne veut pas dire pour autant que cette impasse est réelle.

 

Si vous lisez cet article aujourd'hui c'est aussi que la psychologue que je suis a décidé d'écrire sur ce sujet. Comme vous le savez peut-être si vous avez lu mon article sur les raisons de ce blog , je choisis mes sujets en fonction de la fréquence des questions autour de ce type de thème. Cela veut donc dire que les envies de mourir ou les idées suicidaires sont un thème récurrent dans les échanges que je peux avoir avec mes patients , en consultation en direct ou en ligne.

Si ces patients ont pu partager avec moi leurs désirs de mort et me demander de l'aide, vous pouvez le faire aussi. Je suis bien sûr disponible à ma page Contact mais vous savez également que d'autres professionnels existent en fonction de ce qui sera le plus facile et le plus aisé pour vous, et que les personnes que vous aimez peuvent aussi vous entendre.

 

Ayez confiance dans le fait que certaines personnes autour de vous seront soulagées que vous leur en ayez parlé et souhaiteront vous soutenir et vous aider à réfléchir dans des moments de pareille détresse.

Vous pouvez consulter la page Dépression de mon site, qui présente les ressentis fréquents lors de la dépression.
Et n’hésitez pas à partager des moments, avec vos proches ou à demander de l’aide, à un professionnel ;
Je reste disponible via la page Contact de mon site pour toute question,
et si vous avez besoin de parler de ce que vous traversez en ce moment.

 


Si cet article vous a été utile, n’hésitez pas à le partager.

Si vous avez dans votre entourage quelqu'un qui traverse des moments difficiles, ou qui pense a la mort, n'hésitez pas a lui faire lire cet article. J'écrirai prochainement un article de blog pour l'entourage de personnes traversant une crise suicidaire.