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La dysthymie : fonctionner malgré la dépression

''Je vais au travail, je m'occupe de mes enfants, je gère ce qu'il y a à gérer à la maison et j'affronte le quotidien, et pourtant au fond, je me sens mal.''

Cela pourrait être le discours de nombreuses personnes qui souffrent de dysthymie. Ressentez-vous une grande fatigue ? Vous reconnaissez-vous dans les symptômes de la dépression sans pour autant vous sentir tellement mal que vous n'arrivez plus rien à faire ? Peut-être êtes-vous inquiet pour vous-même alors que pour tout votre entourage vous êtes quelqu'un de très efficace ? 
Nous allons aborder dans cet article les particularités de la dysthymie, et je vais vous proposer quelques exemples concrets pour vous permettre de savoir si ce diagnostic peut s'appliquer à votre situation.

La dysthymie : fonctionner malgré la dépression

La dysthymie. Les anglophones l'appellent parfois high functioning depression. Cela veut dire en français une dépression ''avec un haut niveau de fonctionnement''.
Et c'est tout à fait illustratif de ce qu'est la dysthymie : les psychologues français l'appellent parfois la dépression à bas bruit. À bas bruit, cela veut dire qu'elle n'est pas suffisamment intense pour vous empêcher de vivre au quotidien. Et pour autant, vous pouvez avoir l'impression de fonctionner plutôt que de vivre, car vous n'arrivez pas à prendre du plaisir dans vos activités quotidiennes, vous accomplissez les différentes tâches qui vous sont assignées mais les émotions positives qui pourraient accompagner votre quotidien ont quasiment disparu.

Il m'a semblé très important de faire un article sur cette dépression à bas bruit, car c'est un diagnostic qui peut mettre très longtemps à être posé. Cela veut aussi dire que pour un grand nombre de personnes souffrant de dysthymie, il peut y avoir la croyance que l'état normal d'un fonctionnement psychique est celui-là : Une humeur dépressive en continu, rarement interrompue. La vie serait en fait plutôt épuisante, sans vraiment d'espace ou de temps pour s'en remettre.

On s'épuise et puis un jour c'est la fin.

 

Que faire alors face à cette fatigue d'être soi ? Est-ce possible de s'en sortir ?

7 signes que vous pourriez souffrir de dysthymie

La dysthymie rassemble de nombreux symptômes dépressifs, mais ce n'est pas une dépression majeure.

 

Le DSM la définit comme une humeur dépressive qui persiste toute la journée, et le diagnostic de dysthymie ne peut être posé qu'au bout de 2 ans, car vous devez avoir expérimenté ces symptômes d'un niveau d'intensité faible à moyenne pendant au moins 2 ans

 

Voici la liste de symptômes qui qualifient la dysthymie :
- Trouble de l'appétit. Soit vous mangez beaucoup plus que d'habitude, soit vous perdez l'envie de vous nourrir. Votre rapport à la nourriture est en tout cas modifié.
- Troubles du sommeil. Vous rencontrez des insomnies, ou a contrario vous dormez beaucoup plus que d'habitude, voire trop, et cela peut vous empêcher de profiter de certains moments.
- Vous vous sentez fatigué, vous avez l'impression de subir une perte d'énergie 
- Vous avez une faible estime de vous-même 
- Vous n'arrivez plus à vous concentrer 
- Vous éprouvez des difficultés à prendre des décisions
- Il vous est difficile de garder espoir, vous posez souvent sur le futur un regard sombre. Le pessimisme envahit vos perceptions. 
Si vous présentez au moins deux de ces symptômes parmi les sept, il est possible que vous souffriez de dysthymie. 
Finalement, le fait que ces symptômes soit de moindre intensité fait que tout est un peu plus difficile
Malgré les similarités avec un syndrome dépressif majeur, il est plus facile de gérer la maladie au quotidien.
Peut-être pouvez vous continuer vos études, peut-être arrivez-vous encore à aller au travail. 
Mais à l'intérieur, vous vous sentez épuisé, frustré, empli de lassitude.

Exemples concrets de la fatigue d'être soi

Peut-être cette liste de symptômes vous parle-t-elle, mais il vous est difficile de vous reconnaître avec certitude comme souffrant de dysthymie ?


Je vais donc vous proposer 6 illustrations concrètes de cette dépression à bas bruit, et peut-être reconnaîtrez-vous des situations qui s'appliquent aux choix que vous faites au quotidien.
1. Vous évitez les situations où vous devez rencontrer des gens. Quand votre fatigue à affronter le quotidien est telle que vous n'avez plus d'énergie à mobiliser en fin de journée, il ne vous est plus possible de vous rendre disponible pour interagir. Vous allez par exemple annuler des rendez-vous, choisir de rester seul, vous mettre en retrait de votre entourage et des gens que vous aimez en particulier. 
S'il est normal que certaines personnes aient besoin de solitude pour pouvoir recharger leurs batteries, et que cela puisse vous demander parfois de faire de longues pauses sans sociabiliser avec qui que ce soit, l'évitement des contacts sociaux en général va vous conduire à faire des choix systématiques pour vous préserver des interactions.
2. Vous êtes extrêmement irritable. Vous sentez que vous n'avez plus aucune patience, vous êtes vite énervé, les conflits avec votre entourage et de manière générale dans votre quotidien augmente, vous ne supportez plus personne, la moindre petite chose vous porte sur les nerfs, vous êtes donc devenu irritable. 
Soyez attentif aux contrastes que cela peut constituer avec votre comportement antérieur. Si vous avez un jour été plus apaisé et plus patient, alors vous pouvez noter ce changement.
3. Vous vous sentez constamment fatigué. Cela fait écho à ce que nous avons déjà vu ensemble précédemment : en fin de journée, vous vous sentez vidé, au bout du rouleau. Il vous est très difficile de vous mobiliser pour quoi que ce soit. Évidemment, puisque toute votre énergie est absorbée par le fait d'affronter les journées les unes après les autres !
Puisque vous continuez à fonctionner correctement, contrairement à une personne qui souffre de dépression majeure et qui s'effondre et ne peux plus rien affronter, l'énergie qui était peut-être la vôtre avant s'amenuise au fur et à mesure.
4. Vous avez de grosses difficultés de concentration. Vous n'arrivez plus à lire, qu'il s'agisse d'un magazine léger ou d'un roman passionnant. Vous ne pouvez plus vous concentrer sur un sujet et il arrive parfois que lors d'une conversation vous vous demandiez de quoi votre interlocuteur parle ou si vous avez sauté un chapitre. Lorsque vous regardez la télé ou une série, il vous arrive de perdre le fil et vous avez besoin de faire une pause et de revenir quelques minutes en avant pour pouvoir à nouveau suivre l'intrigue ou l'information. Finalement, cette difficulté à se concentrer qui peut être normale lorsqu'on est fatigué vient contaminer beaucoup de sphères de votre quotidien.
5. Vous utilisez des solutions qui peuvent être négatives pour vous. Comme vous le savez, certaines habitudes de vie sont saines et certaines le sont beaucoup moins.
  • Si vous commencez à devoir boire un verre tous les soirs pour vous remonter le moral,
  • si des activités qui vous vident la tête de manière automatique comme la télé ou les jeux vidéos deviennent votre unique source de divertissement,
  • si vous n'arrivez plus à être en lien avec les autres et à partager des moments de qualité avec votre famille et vos amis,
  • si vous mangez de manière très excessive pour éviter de penser à vos émotions...
alors vous avez déjà quelques exemples d'habitudes de vie qui ne sont pas très saines pour vous.
C'est ce qu'on appelle des mécanismes d'adaptation négatifs, puisqu'à terme, ils peuvent vous porter préjudice sur le plan psychique ou physique.
Il est très important de pouvoir retrouver rapidement de nouvelles habitudes de vie qui vont vous faire du bien, car s'il est possible de changer rapidement ce type de mécanismes d'adaptation, plus vous les utilisez depuis longtemps et plus il va vous être difficile d'y renoncer, laissant le champ libre à l'installation d'addictions.
6. Vous vous sentez constamment inquiet concernant le passé ou par rapport au futur. Comme nous l'avons vu en évoquant la dépression, l'anxiété est très souvent un symptôme concomitant aux symptômes dépressifs.
Vous pouvez donc vous inquiéter à plus ou moins long terme : de comment vous allez affronter votre journée du lendemain à ce que vous aurez fait de votre vie dans 10 ans... et si vous n'allez pas mourir seul et abandonné dans 40 ans !
Concernant le passé, vous pouvez aussi ruminer la façon dont vous vous êtes adressé à quelqu'un il y a un an, ou être justement en train de repenser à cette façon dont vous a parlé votre collègue aujourd'hui. Cette inquiétude permanente peut générer des troubles du sommeil, alimentés par les ruminations. Là où vous auriez besoin de combattre efficacement votre fatigue par des nuits pleines et sereines, votre anxiété va venir alimenter vos difficultés à vous reposer correctement.

Je me reconnais dans ces symptômes, que faire ?

Alors, êtes-vous un dépressif hyper adapté ?

Arrivez-vous à fonctionner au quotidien malgré la dépression ?

Continuez-vous à ''gérer'', alors que vous êtes ralenti par le poids permanent de la négativité ou de la tristesse ?

 

 

Si vous vous êtes reconnu à la fois dans les symptômes et dans les exemples de situations au quotidien, il y a de fortes possibilités que vous souffriez de dysthymie.

 

Dans ce cas, il est très important que vous cherchiez de l'aide. Ce que vous vivez aujourd'hui peut continuer encore très longtemps, pendant des mois et des années, car s'il vous est possible de fonctionner ainsi aujourd'hui, vous allez peut-être continuer à fonctionner comme cela à l'avenir. Jusqu'à ce que vous n'en puissiez plus ?
Comme vous le savez maintenant, les psychiatres posent un diagnostic après 2 ans de dépression à bas bruit. Mais ce n'est pas parce que cette intensité n'est pas une intensité de dépression majeure que ce n'est pas insupportable à vivre au quotidien. Vous n'avez pas à supporter une fatigue telle pendant des années encore.
Commencer une thérapie est une étape essentielle du changement qui va s'opérer dans votre vie. Cela peut-être une thérapie par le dialogue, avec un psychologue par exemple, mais cela peut aussi passer par la prise d'un traitement médicamenteux.
Rassurez-vous, avec des soins adaptés, il est tout à fait possible d'aller mieux.

Vous pouvez consulter la page Dépression de mon site, qui présente les ressentis fréquents lors de la dépression.
Et n’hésitez pas à partager des moments avec vos proches ou à demander de l’aide à un professionnel ;
Je reste disponible via la page Contact de mon site pour toute question,
et si vous avez besoin de parler de ce que vous traversez en ce moment.

 


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Si vous avez dans votre entourage quelqu'un qui affronte le quotidien vaille que vaille, mais qui s'épuise psychiquement et voit tout en noir sans parvenir à trouver du plaisir à vivre, n'hésitez pas à lui faire lire cet article.