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7 idées reçues sur la dépression post-partum

La maternité, la grossesse et la parentalité de manière générale... ainsi que la dépression post-partum, peuvent véhiculer de fausses croyances. L'une des premières idées reçues est notamment celles qu'une jeune maman doit être au comble de la joie et du bonheur lors des premiers mois partagés avec son enfant.

Mais peut-être que vous, vous ne vous sentez pas très bien ? Et peut-être que cela vous interroge, que vous ne vous sentez pas normale et que vous vous comparez régulièrement avec les jeunes mamans que vous connaissez. Vous avez peut-être l'impression d'être différente, et cela génère beaucoup de représentations négatives sur la mère et de la femme que vous êtes.

Alors je vous invite à lire mon premier article sur les signes de la dépression post-partum pour savoir de quoi il s'agit et si éventuellement vous pourriez en souffrir. Et puis nous allons aussi faire la liste de ces idées reçues majeures autour de la dépression post-partum afin que vous puissiez voir si vous y trouvez quelques-unes de vos pensées récurrentes.

7 idées reçues sur la dépression post-partum

La semaine dernière, j'ai rédigé un article sur la dépression post-partum qui a généré beaucoup de lectures, beaucoup de retours de la part de nombreuses jeunes mamans, des messages via ma page Contact et aussi de nombreuses questions. 
J'ai donc décidé de publier un deuxième article consacré à la dépression post-partum et vous pouvez lire mon premier article pour comprendre ce qu'est la dépression post-partum et voir comment on peut obtenir des éléments de diagnostic. Aujourd'hui nous allons faire le point sur toutes ces fausses croyances, ces idées reçues, que j'ai pu entendre via mes patients et que j'ai pu lire dans vos messages.

1. Je suis une mauvaise mère.

Je suis une mauvaise mère. Je ne devrais pas avoir d'enfant. J'ai un problème. Je devrais être fière, resplendissante et ravie.

 

C'est faux ! Souffrir d'une dépression post-partum a beaucoup a voir avec un déséquilibre hormonal dans le cerveau. De nombreuses études font état de cette chute des hormones, de cette fluctuation qui peut vous faire vous sentir irritable, triste ou en colère. Vous pouvez avoir des difficultés à entrer en lien avec votre bébé.

La seule chose qu'il faut que vous reteniez est que vous avez besoin d'aide. Et que plus tôt vous irez chercher cette aide, plus vite vous vous rétablirez. Vous n'êtes pas une mauvaise mère ou une mauvaise personne mais vous êtes par contre une personne aux prises avec la dépression.

 

Après un accouchement, une chute très importante de deux hormones clés, l'oestrogène et la progestérone, a lieu pour toutes les femmes. Il peut arriver aussi que les fluctuations des hormones de la thyroïde génèrent de la fatigue ou une sensation de grande lassitude pour certaines. Ces éléments physiologiques et biologiques normaux ne disent rien du fait que vous soyez bonne ou mauvaise.

L'important pour vous est d'être suffisamment bonne, de faire de votre mieux et de faire en sorte de pouvoir sortir de cette période douloureuse. Et c'est ce que vous faites en lisant actuellement cet article et en cherchant des informations sur ce qui vous arrive : vous faites de votre mieux et vous mettez les choses en place petit pas après petit pas.

Vous procédez exactement de la bonne façon.

2. La dépression post-partum arrive immédiatement après la naissance.

Et bien non, la dépression post-partum n'arrive pas tout de suite après la naissance.

 

Ce qui arrive après la naissance, c'est ce que l'on appelle le baby blues, il est très commun, il arrive d'ailleurs bien plus souvent que la dépression post-partum et si vous en souffrez, vous faites partie d'une majorité de femmes.

 

Ce baby blues peut durer entre deux ou trois jours et jusqu'à trois semaines. Et puis votre corps va se réguler et votre humeur et votre énergie vont s'améliorer.

 

La dépression post-partum elle, commence à pouvoir être diagnostiquée après deux semaines de symptômes. Et elle peut d'ailleurs démarrer dans l'année qui suit la naissance de votre enfant. Vous pouvez donc avoir en tête cette possibilité jusqu'aux un an de votre petit. Et savoir qu'il vous faudra alors demander de l'aide.

 

Vous voyez que nous ne pouvons pas établir de règles très strictes sur le moment où une dépression post-partum peut démarrer, car comme toujours, votre santé mentale dépend de vous et chaque fonctionnement est propre à chaque individu.

3. Je suis trop fragile, trop sensible.

Faire une dépression est fréquemment associé à la question de la fragilité.

 

De nombreuses femmes ressentent de la culpabilité à l'idée d'être trop sensible, voire hypersensible, ou trop fragile. Cela pourrait alors être  les caractéristiques de leur fonctionnement qui sont les déclencheurs de la dépression post-partum. Cela génère évidemment le fait de se blâmer et de s'en vouloir.

 

Mais non, la dépression post-partum ne se résume pas aux femmes fragiles.

D'ailleurs, qu'est-ce qu'une femme fragile ?

 

 

Je ne suis pas sûre pour ma part qu'il existe des individus sans aucune vulnérabilité.

En tout cas, je peux témoigner du fait que de nombreuses femmes ''fortes'', qui portent et affrontent beaucoup de choses, peuvent un jour être confrontées à la dépression. Pour elles qui ont toujours été décrites comme ''des femmes de tête au fort tempérament'' et qui font face aux difficultés de la vie, s'effondrer après avoir donne naissance à un enfant est aussi une possibilité.

 

 

Il n'y a donc là encore pas de généralité sur vos traits de caractère à lier avec le fait que vous puissiez souffrir de dépression post-partum. Ce sentiment que vous avez aujourd'hui d'être fragile est votre perception actuelle. Elle pourra peut-être évoluer dans l'avenir.

4. Je suis supposée pleurer en permanence, laisser mon bébé de côté.

''Si je souffre de dépression post-partum, je vais pleurer en permanence, je ne vais pas pouvoir prendre soin de mon bébé ou de moi, je vais être triste tout le temps.'' Et oui, voilà une autre caractéristique des idées reçues, ce sont ces représentations que l'on vient coller comme une étiquette sur un diagnostic !

 

La dépression post-partum ne s'exprime pas toujours par de la tristesse, des pleurs, ou de l'apathie. Vous pouvez par exemple vous sentir agitée ou irritable. Il est possible par exemple de vous sentir agressive et de vous en prendre à votre partenaire, vos enfants ou vos parents qui sont venus vous donner un coup de main. Cela peut faire écho avec votre sensation d'être hypersensible ou très susceptible.
Pour d'autres femmes, la dépression post-partum va s'exprimer par de l'anxiété ou des angoisses. Une maman me disait aussi par exemple qu'elle ne ressentait aucune émotion après la naissance de son enfant et qu'elle ne s'était pas inquiétée tout de suite. Et puis elle a réalisé qu'elle se sentait anesthesiée et qu'elle fonctionnait de manière automatique, comme un robot.
Vous voyez qu'il n'y a pas une seule façon d'être et de se sentir lorsqu'on souffre de dépression post-partum.

5. La dépression va disparaître si je fais comme si elle n'existait pas.

C'est bien connu, les choses disparaissent quand on les ignore... ''Ça finira par passer'' se disent certaines patientes. La magie du psychisme est en place, adieu psychologues et psychiatres et Bonjour disparition miracle !

 

J'ironise un peu, mais la dépression post-partum ne disparaît pas d'elle-même. Elle peut même devenir une dépression chronique si elle n'est pas prise en charge. Ce qui arrive fréquemment par contre, en écho avec l'idée reçue numéro 1 qui génère de la honte du fait du sentiment d'être une mauvaise mère, c'est que de nombreuses femmes (parce qu'elles se sentent très coupables) n'en parlent à personne. Et c'est après des années qu'elles font le constat qu'elles souffrent de dépression, parfois quand elles se sentent extrêmement mal et qu'elles ont des idées suicidaires. Alors qu'elles faisaient semblant d'aller bien, ce n'est soudainement plus possible.

 

Deux stratégies s'opposent autour de cette idée reçue, l'une est celle de l'affrontement lorsqu'on cherche de l'aide pour aller mieux, et l'autre est celle de l'évitement. Mais l'évitement ne fait pas disparaître les symptômes.

6. La dépression post-partum arrive très rarement. Et ça tombe sur moi...

Et bien non, la dépression post-partum n'est pas rare, elle est même très commune. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je poste un nouvel article sur ce thème. Car j'ai pu constater que de nombreuses idées reçues et fausses croyances étaient véhiculées autour de la dépression post-partum et qu'il est important d'informer autour de cela, notamment au vu de la fréquence des symptômes qui apparaissent après un accouchement.

Rassurez-vous, les chiffres sont éloquents : environ 100 000 femmes en souffrent chaque année en France.

7. C'est de ma faute. Cette dépression, je l'ai bien méritée.

Est-ce vous qui avez créé cette dépression ? Est-ce que l'on mérite de souffrir de dépression ? La bascule des hormones, le stress, le fait de manquer de sommeil, votre grossesse ou votre accouchement qui ont peut-être été difficiles ne sont-ils pas des déclencheurs à vos yeux ?

Et puis peut-être y a-t-il eu des complications lors de votre accouchement ? Un accouchement pendant lequel vous avez eu peur pour votre vie et pour celle de votre bébé fait d'ailleurs partie des facteurs de risque majeurs, car il peut constituer un traumatisme.

 

Peut-être avez-vous été très malade tous les matins, tout au long de votre grossesse ? Peut-être votre relation amoureuse a-t-elle été touchée par ces choses difficiles que vous avez affrontées ?
La vie ne s'arrête pas durant une grossesse, elle continue à être porteuse d'événements positifs comme douloureux : soucis financiers, professionnels, conjugaux, familiaux, contextuels...

Vous voyez qu'il existe de nombreux facteurs qui viennent renforcer votre vulnérabilité et que ce n'est pas votre faute si vous êtes dépressive.

 

Il s'agit en fait de quelque chose de très commun et plus on en parle, plus on partage des articles comme celui-ci par exemple, plus les gens comprennent de quoi il s'agit et moins les femmes comme vous se sentent isolées ou responsables.

Donc non, il n'y a pas de punition pour avoir fait quelque chose de mal. Vous n'êtes pas trop mauvaise pour pouvoir bénéficier d'une maternité sereine. La réalité est bien plus pragmatique et terre à terre que cela.

Vous allez dépasser cette dépression post-partum et vous allez être fière de vous.
Aujourd'hui, vous êtes sur le temps de l'affrontement, peut-être avez-vous honte de votre vulnérabilité et de ce que vous percevez comme de la faiblesse. Mais il s'agira un jour de quelque chose que vous serez fière d'avoir affronté.
Cette dépression post-partum peut être temporaire et transitoire.

Vous pouvez consulter la page Dépression de mon site, qui présente les ressentis fréquents lors de la dépression.
Vous pouvez également lire mon premier article sur les signes qui vous permettront de repérer si vous souffrez de dépression post-partum.
Et n’hésitez pas à partager des moments avec vos proches ou à demander de l’aide à un professionnel ;

Je reste disponible via la page Contact de mon site pour toute question,
et si vous avez besoin de parler de ce que vous traversez en ce moment.

 


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Si vous connaissez une jeune maman qui ne va pas bien et qui pourrait apprécier d’avoir des points de repères pour comprendre ce qu’elle vit, n'hésitez pas à lui faire lire cet article.