Après des années de vie dans votre pays d'origine, vous vous êtes expatrié. Peut-être étiez vous seul, peut-être étiez vous en famille, peut-être était-ce pour du travail ou pour contribuer à la dynamique professionnelle de votre conjoint ou de vos parents. Toujours est-il que vous avez dû vous adapter à un nouveau pays, et peut-être affronter un premier choc culturel. Nous avons eu l'occasion de décrire qu'il existe un continuum entre le moment où l'on décide de partir, le moment où on s'expatrie et puis le moment où on revient, et que tout ce processus comporte des transitions qui peuvent représenter des chocs successifs.
Expatriés : le Choc du retour, comment s'y préparer ?
Les facteurs qui compliquent un retour
Rentrer dans son pays d'origine peut s'avérer très compliqué, parce qu'il existe de nombreux facteurs qui vont venir influencer votre parcours. Certains de ces facteurs vous mettent directement en cause, et vous allez pouvoir impacter ces facteurs beaucoup plus facilement. Mais il y en a d'autres qui ne vous appartiennent pas, et qui sont ce que l'on appelle des facteurs externes sur lesquels vous n'avez pas ou peu d'impact. De la même façon qu'il est possible d'anticiper un choc culturel au mieux en arrivant dans un nouveau pays, voici les facteurs qui vont pouvoir moduler la transition que constituera votre retour au pays.
Cela veut aussi dire que plus vous êtes rentré régulièrement chez vous, plus l'ajustement à votre pays d'origine sera facilité puisque vous aurez eu l'occasion de diminuer le contraste et donc le choc que pourrait représenter votre retour au pays. Alors que si vous êtes expatrié depuis 15 ans et que vous rentrez pour la première fois, vous imaginez bien que les choses vont être probablement ardues et surprenantes. Et enfin, de la même façon qu'une expatriation est en général bien mieux vécue quand elle a été attendue, voulue et désirée, un retour au pays est toujours plus agréable quand il se fait de manière volontaire ou quand vous avez eu le temps de vous préparer. Car évidemment, apprendre brutalement qu'il vous faut rentrer alors que vous n'aviez aucune envie de quitter le pays dans lequel vous vous étiez installé va être difficile à accepter.
Le premier est votre capacité à être adaptable. Cela n'est pas une caractéristique qui se joue de la même façon pour tous. Nous avons chacun des ressources pour nous adapter à des situations nouvelles, mais nous allons les utiliser de manière différente et nous avons tous un seuil au-delà duquel trop d'adaptation franchit nos barrières et génère de l'épuisement. De la même façon, si vous avez affronté de l'adaptation en permanence et que vous devez rapidement vous adapter à un retour alors que vos dernières années ont été composées de nombreux déplacements, cela pourra faire beaucoup pour vous.
Et puis le deuxième facteur qui impacte votre capacité d'adaptation est aussi dans quelle mesure vous avez eu à affronter des changements majeurs dans votre vie pendant que vous étiez à l'étranger. Car si vous vous êtes marié ou avez divorcé, si vous êtes devenu parent, si vous avez trouvé du travail ou si vous l'avez perdu, des étapes de vie majeures comme celles-ci peuvent être accompagnées par du stress et de l'anxiété et cela va impacter votre séjour à l'étranger. Un retour peut aussi être perçu comme une rupture dans la dynamique qui s'était instaurée.
Les changements parallèles : un vecteur de complication possible
1. Vous changez
Comme nous l'avons vu dans notre article sur le choc culturel à l'arrivée, vous expérimentez un processus qui va favoriser votre adaptation à un pays différent du vôtre. Cela va de la façon dont fonctionne l'administration aux différentes normes et valeurs, et du style de vie à la nourriture. Vous avez appris à affronter ces changements au travers des étapes du choc culturel.
Vous vous êtes adapté et vous avez donc de nouvelles perceptions des choses et de la vie, il est probable que vous pensiez différemment puisque d'autres références viennent alimenter votre conception des choses. En vous distanciant de votre propre culture et en étant baigné dans une nouvelle culture, votre évaluation de vos vieilles habitudes et de vos anciennes normes sociales a évolué. Il est possible que vous trouviez que certains changements sont pour le mieux et que vous n'ayez pas envie, au retour dans votre pays d'origine, de changer vos nouvelles habitudes. Cela pourrait créer des frictions avec votre entourage.
Vous percevez probablement la politique ou l'organisation structurelle de votre pays d'une autre façon, et vous avez eu un aperçu également de la façon dont vos concitoyens sont perçus et appréciés ou non à l'étranger.
Et puis nous avons vu que les changements de vie importants, tels qu'un mariage, un divorce ou une parentalité nouvelle, peuvent avoir des conséquences sur les liens que vous avez créés avant de partir, et impactent les interactions à venir.
C'est tout l'enjeu du choc du retour : que les personnes qui vous entourent ne soient pas familières avec vos nouvelles façons de fonctionner et qu'elles puissent porter un regard critique sur celles-ci.
De la même façon que vous pourriez avoir l'impression de rencontrer des choses frustrantes ou incompréhensibles et que cela crée une sensation d'isolement ou de décalage qui va rendre plus compliquée votre perception des choses, en renforçant ce choc du retour. Certains impatriés parlent aussi de dépression post retour ou de choc culturel inversé.
2. Votre pays change
Plus vous êtes longtemps à l'étranger, et plus votre pays peut traverser des changements qui vont impacter ou non la façon dont vous allez affronter le choc du retour. Certains de ces changements sont très importants, tels que des élections, de nouvelles lois, une crise économique ou des modifications liées à la pollution ou à d'éventuelles catastrophes naturelles. Vous allez découvrir votre pays d'origine sous un nouveau jour, à la fois familier et étrange.
3. Votre entourage change
Les changements qu'ont vécu votre famille et vos amis peuvent avoir un impact important dans la façon dont vous allez affronter le choc du retour.
Si vos amis sont devenus parents alors que vous faisiez vos études à l'étranger, vous découvrez un rythme de vie complètement changé en revenant. Si vos parents ont déménagé, sont à une nouvelle étape de leur vie et expérimentent même un divorce ou un passage à la retraite, il va vous falloir réaménager l'organisation qui était la vôtre avant de partir. Il arrive malheureusement qu'il y ait des décès, des accidents ou des conflits pendant que vous êtes loin, ce qui va radicalement réaménager la dynamique de votre groupe. Et puis des célibataires de longue date peuvent avoir fait des rencontres ou s'être mariés, et ne plus avoir la même disponibilité pour vous et vos rencontres.
Les choses sont parfois plus positives rendant le choc du retour moins fort, puisque certaines connaissances ont évolué dans une direction qui va vous permettre de créer des liens plus qualitatifs, si chacun de vous est devenu parent par exemple et que vous avez des choses à partager autour de ce nouveau statut.
Tous ces changements vont supposer que vous vous adaptiez aux nouvelles dynamiques en parallèle de votre affrontement du choc du retour. Cela peut ralentir votre processus d'ajustement et pourrait aussi vous donner envie de repartir car cet entre-deux, entre éléments familiers et nouveautés, peut-être très inconfortable pour certaines personnes. On donne souvent aux impatriés le conseil d'envisager le retour comme une nouvelle expatriation. Mais la dynamique est parfois différente quand tout est nouveau, lors d'une totale découverte !
Le fait que beaucoup d'éléments familiers ou de repères soient présents dans ce retour fait qu'il n'est pas possible de faire table rase de toutes vos connaissances et de tous vos souvenirs face à un lieu ou à des proches.
Comment alors se réjouir de ce retour là où vous expérimentez parfois de la tristesse, voir une dépression post retour, en laissant derrière vous votre vie d'expatrié, vos amis, une culture que vous aviez appris à apprécier et peut-être un climat extrêmement agréable, avec des opportunités professionnelles nombreuses et une vie sociale et culturelle intéressante ?
Comment se préparer au retour ? La prévention.
D'abord, je vous conseille de profiter de ces premiers temps où vous serez pris dans l'excitation et dans la joie de retrouver vos proches. C'est fréquemment la période la plus agréable et la plus stimulante de votre retour, avant que vous ayez à proprement parler à affronter le choc culturel inversé qui pourrait créer ce que les impatriés appellent dépression post retour.
Voici quelques conseils pour vous aider à réduire les effets du choc du retour :
2. Terminer ce qui doit l'être
4. Créer un quotidien positif
Le fait de prévoir des choses pour votre arrivée, que ce soit de vous reposer ou de planifier des activités, puis sur l'année qui va se présenter, va vous permettre de vous réancrer plus rapidement dans une vie quotidienne agréable.
Vous pouvez par exemple planifier les premières semaines de votre retour, et envisager ensuite de vous inscrire dans des clubs de sport, dans des groupe d'impatriés, d'aller à des spectacles et à des activités culturelles, de reprendre contact avec la vie religieuse et spirituelle de votre ville... Le fait de rencontrer des expatriés qui sont eux-mêmes sur le retour peut être une bonne façon de vous sentir intégré dans un groupe qui expérimente les mêmes étapes que vous. Peut-être apprécierez vous également de vous mettre en contact avec des associations qui accueillent des étrangers qui sont justement en train d'expérimenter un choc culturel en arrivant dans votre propre pays.
Si vous avez des enfants, assurez-vous qu'ils puissent rapidement tisser des liens et qu'ils vont avoir des activités plaisantes dans lesquelles rencontrer d'autres enfants pour se sentir inclus après ce retour.
5. Tolérer et accepter les différences
Bien sûr qu'il va y avoir du décalage entre vos pairs et vous-même, puisque vous avez vécu des expériences et des transitions qu'eux-même n'ont pas expérimenté. Mais il serait dommage de penser qu'ils n'ont pas bougé et pas évolué psychiquement là où vous avez fait de grands pas en avant. Ce sont d'autres choses et d'autres vécus qui les ont transformés et qui modèlent aujourd'hui leur appréhension des choses. Plus vous êtes ouvert d'esprit et dans l'acceptation par rapport aux différences, plus les relations vont être facilitées puisque chacun se sentira accepté dans le regard qu'il porte sur les choses et dans l'analyse qu'il fait des situations. De votre côté, cette analyse sera imprégnée d'une double culture, et en échanger de manière positive plutôt que d'essayer de changer la personne en face de vous sera bien moins épuisant et bien plus constructif. La différence est richesse, vous le savez bien puisque vous avez choisi de vivre à l'étranger.
6. Se laisser du temps
Les choses vont souvent plus lentement que ce que l'on souhaiterait, mais comme vous avez eu besoin de temps pour traverser les étapes du choc culturel à l'arrivée dans votre pays d'expatriation, vous allez avoir besoin d'un temps d'adaptation pour pouvoir apprécier ce que vous avez à vivre ici. N'ayez donc pas trop d'attentes par rapport à vous-même non plus et pensez à vous préserver. Vous êtes dans des dépenses d'énergie très importantes, que ce soit sur le plan physique et psychique, pour affronter le décalage horaire, les nouvelles façons de faire et vivre, le fait de reprendre des liens, le fait de réinstaller une vie entière finalement. Pensez donc à recharger vos batteries et à prendre des temps pour vous féliciter de ce que vous avez accompli, en étant juste satisfait et conscient de tout ce qui avance, même si cela vous apparaître des petites choses. Préservez vous, vous êtes le premier à pouvoir le faire.
Vous pouvez consulter la page Expatriation, impatriation de mon site, qui présente les phénomènes fréquents.
Il existe une rubrique de ce blog dédiée aux thèmes de l'expatriation et de l'impatriation.
Si vous observez que vous êtes bloqué, ou que vous n'arrivez pas à mobiliser vos ressources pour retrouver votre pays avec plaisir,
si vous en êtes affecté, et que vous vous interrogez sur une éventuelle dépression post-retour,
il est positif de pouvoir demander de l’aide à un professionnel ;
Je reste disponible via la page Contact de mon site pour toute question,
et si vous avez besoin de parler de ce que vous traversez en ce moment.
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Si vous avez un proche expat' ou futur impatrié qui pourrait apprécier d’avoir des points de repères pour anticiper et prévenir le choc du retour, n'hésitez pas à lui faire lire cet article !